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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/46

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Il est clair que dans l’état des choses, avec les idées de cette époque et un chef comme Dessalines, il n’était pas possible de concevoir aucune autre forme de gouvernement : aucune assemblée politique, émanant du peuple, n’était praticable. Mais s’il arrive que les généraux, conseillers d’Etat, ne jouissent pas réellement de leurs attributions, on verra naître une sourde résistance à l’abus du pouvoir dictatorial, qui amènera la chute du dictateur.

Quoi qu’il en soit, les actes publiés aux Gonaïves et imprimés de suite, furent expédiés à toutes les autorités secondaires, et occasionnèrent des réjouissances publiques : l’armée et le peuple, dans tous les départemens de l’ancienne partie française de l’île, applaudirent aux résolutions des chefs. L’indépendance nationale fut ainsi ratifiée, consacrée par l’accord et l’union de tous les citoyens du nouvel Etat.


Le nom d’Haïti, restitué à l’île, indiquait, comme nous l’avons dit, que dans la pensée des chefs qui venaient de proclamer son indépendance, tout son territoire, y compris celui des petites îles adjacentes, devait former le nouvel État. Cette intention avait percé déjà, lorsque Bazelais fut chargé de demander des explications, au sujet de l’évacuation des troupes françaises qui occupaient l’ancienne coloniede l’Espagne ; et la réponse qui fut faite au général en chef de l’armée indigène, quoique fondée sur la capitulation seulement du Cap, ne suffisait pas pour faire renoncer à ce projet. En effet, il eût été absurde de considérer cette portion d’Haïti, comme devant continuer à être une colonie de la France, lorsque l’autre lui avait été enlevée par le droit de la guerre. Un tel voisinage était incompatible avec la sûreté de l’indépen-