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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/510

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d’espoir, qu’au lieu de communiquer l’ordre d’évacuation, Lys se joignit à ce brave général en le secondant de si propre vaillance. En vain l’ennemi s’opiniàtrait à renouveler ses attaques, il fut toujours repoussé sur toute la ligne du Bel-Air, à partir du fort Saint-Joseph.

Là, le bouillant Lamarre vint, de la prison, prendre part au succès des républicains, non parce qu’il fut mis en liberté avec les autres prisonniers, mais pour s’être mis lui-même en liberté. Dès la bataille de Sibert, il ne se possédait pas dans cette prison ; au moment où eut lieu l’attaque de la ville, il appela le concierge, sous prétexte de lui communiquer un avis ; celui-ci ayant ouvert la porte pour lui parler, Lamarre le saisit au corps et le lança dans l’une des chambres, puis sortit en courant ; la garde le laissa passer, et tous les autres prisonniers l’imitèrent. Lamarre ne s’arrêta qu’au fort Saint-Joseph où était la 24e : ce brave corps le replaça à sa tête, et il fit de suite une sortie contre l’ennemi jusqu’au Pont-Rouge. Yayou ne put résister au plaisir de se réconcilier avec lui ; appréciant sa valeur, il fut à lui, l’embrassa et lui déclara qu’il oubliait le passé : il trouva réciprocité de sentimens en Lamarre.

Ces faits honorent l’un et l’autre : c’est surtout en présence de l’ennemi, que des militaires doivent abjurer mutuellement tout ressentiment. La Patrie à défendre devient alors si belle, si respectable, qu’il ne leur est pas permis d’en conserver.

Pendant que l’ennemi s’acharnait contre la ligne du Bel-Air, une de ses colonnes était guidée par Apollon, naguère colonel de la 12e demi-brigade, que Christophe avait mandé au Cap avec Frontis ; elle se dirigeait contre le fort National pour enlever cette position qui domine