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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/541

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été si facile de ne s’arrêter qu’aux Gonaïves, lorsqu’il fallait d’abord enlever Saint-Marc de vive force ? Ordinairement, on ne fait pas de pareilles conquêtes sur le terrain, comme on écrit une phrase sur le papier.

« L’armée demeurait dans l’inaction (à l’Arcahaie) ; cependant, pleine d’ardeur, elle demandait à marcher contre Saint-Marc. Le général Pierre Toussaint qui commandait en cette ville dont la garnison s’élevait à peine à 3000 hommes, n’eût pu résister à l’impétuosité de plus de 8000 hommes. Les généraux étaient d’opinion qu’on allât en faire le siège. Mais Pétion, général en chef de l’armée, ne voulait pas s’éloigner davantage du Port-au-Prince, avant qu’on eût nommé un Président d’Haïti. Enfin, vers le milieu de février, sans avoir consulté ses généraux, profitant de la nouvelle qui lui était parvenue, que la révolte se développait de plus en plus dans la Grande-Anse, il ordonna i’évacuation de l’Arcahaie. Il n’y laissa pas même une garnison. L’armée rentra au Port-au-Prince, après avoir l’ait une campagne sans résultat.[1] »

Cette campagne avait été ordonnée par le Sénat, pour que Pétion prît possession des limites de son département de l’Ouest[2]. Pour obtenir ce résultat, il lui aurait fallu conquérir, avec 8500 hommes (en supposant ce chiffre exact), Saint-Marc, les Verrettes, le Mirebalais, Las Caobas et toute la rive gauche de l’Artibonite correspondante à ces communes, à moins qu’il n’eût voulu

  1. Hist. d’Haïti, t, 3, p. 395.
  2. « Sur la proposition d’urr membre, dit le procès-verbal du 18 janvier, le Sénat arrête que le général Pétion se mettra en possession des limites du département qu’il commande, sous le plus bref n’élai possible. »

    Il est à présumer que cette motion fût faite par un sénateur de la classe civile, qui jugeait la chose aussi facile que de faire sa motion.