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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 6.djvu/91

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ce grand véhicule de la civilisation, ce lien de rapprochement entre les peuples, ne s’embarrassant point de questions politiques, pourvu qu’il trouve profit et sécurité.

Le premier gouvernement qui essaya d’entrer en négociations avec Haïti fut celui de la Grande-Bretagne. Lorsqu’il déchira le traité de paix d’Amiens, l’insurrection des indigènes avait déjà fait des progrès considérables ; il en prévoyait le but, il le sut ensuite, et il put calculer que sous la pression de ses vaisseaux, l’armée française serait expulsée de Saint-Domingue. Il est donc vraisemblable qu’il envoya des instructions à ce sujet au général Nugent, gouverneur de la Jamaïque ; car, dans le courant de janvier, ce gouverneur expédia un sieur Edouard Corbet auprès de Dessalines.

Afin de disposer favorablement le chef d’Haïti aux ouvertures qu’il lui faisait, il lui envoya 34 de ses nationaux qui avaient été faits prisonniers parmi des Français, en lui promettant de lui en envoyer d’autres. Corbet était chargé de faire un traité ou convention, reposant sur les bases de celle conclue en 1798 à la Pointe-Bourgeoise, entre le général Maitland et Toussaint Louverture, ou de renouveler les propositions de ce général, aux conférences des Gonaïves, en 1799, et tendantes à obtenir pour la Grande-Bretagne le commerce exclusif de l’île et une sorte de protectorat. On se rappelle que Toussaint Louverture s’était engagé à ne jamais rien entreprendre contre la Jamaïque, et avait consenti à ce que les navires de la colonie ne pussent voyager au-delà de 5 lieues de ses côtes. En compensation de ces restrictions proposées de nouveau, le gouverneur anglais promettait de faire garder les côtes d’Haïti contre toute entreprise de la part des Français.