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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/101

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avait toujours eu des bontés pour lui. Cette réponse étant parvenue au président, il espéra davantage d’une seconde mission de Petit-Breuil ; mais, toutefois, Pétion n’était pas homme à laisser continuer l’insoumission de Yayou ; présumant aussi qu’il pouvait encore s’y refuser, il ordonna que deux compagnies de grenadiers suivissent Petit-Breuil pour agir de force dans ce cas.

Petit-Breuil causait avec Yayou dans la caze de cette femme, qui l’aidait à le persuader de se rendre auprès du président, quand l’officier commandant du détachement, impatient du délai qui s’écoulait, fit approcher sa troupe près de la caze. Yayou, ayant entendu du bruit, se leva précipitamment pour prendre ses armes, en criant à la trahison ; Petit-Breuil saisit ce moment pour s’évader, dans la crainte d’être sa victime, et les grenadiers entourèrent la caze. Plein de ce courage dont il avait fait preuve en toute occasion, Yayou en sortit armé, déchargeant ses pistolets sur la troupe. Il en fut accablé et périt victime de son obstination[1].

Telle fut la fin regrettable de ce brave officier qui avait sauvé la République, dans la journée du 1er janvier. Dépourvu de toute instruction, il ne put avoir assez de jugement pour repousser les perfides conseils qu’il reçut, de se prêter aux promesses fallacieuses de Christophe. On a vu qu’immédiatement après la mort de Dessalines, Christophe lui avait écrit de se méfier des hommes de l’Ouest et du Sud, parce qu’ils n’aimaient pas ceux du Nord ; que le général Lamothe Aigron lui avait tenu des propos insidieux dans ce sens, pour servir la cause de ce généralissime. Chervain, Madame Germain et d’autres,

  1. J’ai entendu Petit-Breuil raconter à mon père, toutes les circonstances de ses deux missions auprès de Yayou, quelque temps après.