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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/155

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aîne, de l’état maladif de son successeur. Ce sont ces choses connues qui avaient motivé l’insistance du sénat pour le règlement des finances.[1]

Le même jour où il prenait ces mesures rigoureuses, ses membres voulurent prouver que l’intérêt général seul les guidait, en rendant un autre acte par lequel ils renoncèrent, jusqu’à une situation financière plus heureuse, aux indemnités que leur allouait la constitution.

Le 4 mars, « rendant hommage au mérite et à l’amour de la patrie qui anime le citoyen Thimoté, dont il a donné des preuves par sa conduite courageuse, en secondant les efforts du général Lamarre, » le sénat avait décidé qu’il reprendrait ses fonctions dans ce corps : le 21, il appela Lamarre à en faire partie, en remplacement de César Thélémaque ; et le 4 mai suivant, Delaunay fut élu pour remplacer Depas Médina, démissionnaire.

Si le rappel de Thimoté et l’élection de Delaunay, anciens constituais, étaient basés sur la constitution, la nomination de Lamarre en était une violation ; car l’article 60 n’autorisait des remplacemens au sénat, durant neuf années, que parmi les citoyens qui avaient composé l’assemblée constituante : or, Lamarre n’en avait pas été membre. Mais on voulut illustrer le corps législatif par l’admission de ce héros, et en même temps récompenser son dévouement à la patrie, sur le théâtre où il exposait

  1. Blanchet aîné aussi avait donné à un négociant étranger, un ordre pour recevoir du magasin de l’État cent milliers de café, sans motif connu. Avisé de cela, Bonnet en informa le président qui se hâta de le révoquer ; et cet ordre n’eut point d’effet. Comme on avait étouffé cette affaire pour éviter un grand scandale, Pître aîné venant à être convaincu de dilapidations, Pétion voulut être équitable ; et de même qu’il avait nommé Blanchet aîné, secrétaire général, il fit de Pitre aîné un officier attaché à son état-major. Voila un déplorable résultat des considérations gardées envers les personnes ; mais, à cette époque, que d’autres choses furent nécessitées par la situation où se trouvait la société !