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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/169

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honneurs dus à son rang et à ses services signalés en faveur de son pays[1].

Il quitta cette ville et se rendit aux Cayes : sur toute sa route, les troupes et les citoyens l’accueillirent comme à Jérémie, comme il avait été reçu dans l’arrondissement de Nippes par le colonel Bruny Leblanc et ses administrés. Sa présence au chef-lieu du Sud y occasionna une joie universelle ; l’accueil du général Wagnac fut sincère et cordial, et il en fut de même du général Vaval et de tous les citoyens de l’arrondissement d’Aquin, quand il y passa.

Tandis que Gérin, retourné à l’Anse-à-Veau dès qu’il eût donné sa démission, couvait son mécontentement de tout l’accueil fait au Président de la République, aux Cayes celui-ci faisait célébrer un touchant et pompeux service funèbre, à la mémoire de Benjamin Ogé, ce brave chef de bataillon de la Légion de l’Ouest, et de tous les défenseurs de la liberté qui avaient péri dans la première guerre civile. C’était honorer le courage malheureux, enflammer celui des nouveaux défenseurs de la patrie, apaiser les mânes de toutes ces victimes des dissensions intestines, et invoquer enfin, par la religion, l’intervention divine pour détourner les esprits de toutes autres divisions.

Mais sa pensée, ses sentimens patriotiques, furent-ils toujours compris aux Cayes mêmes, le furent-ils au Port-au-Prince où il allait retourner ? On le saura bientôt.

  1. Peu de semaines après la mort de Blanchet jeune, la loge maçonnique appelée l’Amitié des frères réunis, dont il était membre, lui fit un service funèbre selon l’usage de cette association : Daumec y prononça une très-belle oraison à la louange de ce citoyen recommandable.