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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/171

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faits, c’est à la postérité de les juger, pour reconnaître lequel, entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif, mérite le plus son blâme. Narrateur, nous efforçant toujours d’être impartial envers tous, nous n’oublierons pas la mission que nous nous sommes imposée.

Après avoir reçu par l’adjudant-général Delva, les objets que le président lui envoya de Jérémie, Lamarre se disposa à porter ses troupes dans les montagnes du Port-de-Paix, autant pour combattre celles de Christophe, que pour avoir plus de vivres pour leur nourriture, et dégager en même temps les malheureux qui, fuyant la tyrannie du Nord, erraient dans ces montagnes. Les communes de Jean-Rabel et du Môle étaient dévastées et ne produisaient presque plus de denrées alimentaires. Le 4 juillet, il écrivit au président :

« Combien d’infortunés sont cachés dans les rochers destinés aux plus vils reptiles ! Je vais voler à leur secours ; j’espère que la Providence me secondera dans mes opérait tiens. Que je serais heureux, si je puis l’établir dans leurs foyers tant de victimes malheureuses ! Nous vous demandons les garde-côtes le plus promptement possible. L’humanité qui dirige toutes vos actions m’annonce d’avance que vous nous écouterez favorablement… J’ai reçu les 14000 gourdes : cette somme ne suffit pas pour l’armée, et j’assiste chaque jour de malheureuses mères de famille, chargées d’enfans, qui meurent de faim ; en soignant ces infortunées, je ne puis que répondre à vos sentimens humains…[1] L’impossibilité où vous êtes de m’envoyer des forces, prouve combien nos frères

  1. C’est ce que Pétion faisait aussi au Port-au-Prince, envers tous les réfugiés de la péninsule du Nord, des Gonaïves et autres lieux ; il leur faisait délivrer des provisions du magasin de l’État, du linge, etc.