Aller au contenu

Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la même carrière que vous. Votre attachement à la République, votre soumission aux lois, et votre zèle à les faire exécuter, sont les puissans motifs qui ont déterminé le corps législatif à vous placer à la tête du gouvernement et de la force armée. Puisse Dieu vous conserver l’heureux caractère qu’il vous a départi, et vous rendre toujours l’objet de l’admiration publique !

N’oubliez jamais, président, que le salut de la République dépend de l’harmonie qui doit exister entre le pouvoir exécutif et le corps législatif : s’en écarter, ce serait compromettre le salut de l’État, et l’exposer à des déchiremens. La crise politique doit cesser quand le gouvernement est organisé[1].

Après ce discours qu’il entendit debout et découvert, afin de témoigner lui-même de son respect pour la souveraineté nationale, pour la majesté du peuple dont le vœu avait guidé ses représentais, il répondit en ces termes :

Sénateurs,

Élevé, par votre choix, à la première magistrature de l’État, devenu, en quelque sorte, le dépositaire du bonheur et des destinées de notre pays, j’ai l’honneur de vous déclarer que je serais effrayé de l’étendue des obligations que vous m’imposez, si je n’étais certain de trouver dans vos lumières, dans votre sagesse et dans votre énergie, toutes les ressources dont j’aurai besoin. Cette idée, sénateurs, doit me rassurer ; et, acceptant avec confiance la nouvelle mission dont vous m’honorez, mon cœur va prononcer dans le sein du sénat, le serment que la constitution prescrit au Président d’Haïti :

Je jure de remplir fidèlement l’office de Président d’Haïti, et de maintenir de tout mon pouvoir la constitution.

Que les armes confiées au peuple pour la défense de sa liberté, se dirigent contre ma poitrine, si jamais je concevais le projet audacieux et impie d’attenter à ses droits ; si jamais j’oubliais que c’est après avoir contribué à punir de mort un tyran dont l’existence était un tort de la nature, que c’est après avoir contribué à en pros-

  1. Cette phrase paraît avoir été à l’adresse de Gérin, pour l’inviter a cesser son opposition  ; car on ne peut entendre ainsi de la guerre civile.