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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/223

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correspondance également dans les attributions du secrétaire d’État, on reconnaît que le sénat avait une arrière-pensée au sujet « du droit d’entretenir des relations politiques au-dehors, de conduire les négociations, délégué provisoirement au Président d’Haïti, etc. ; » qu’il se réservait de reprendre, selon les circonstances, l’exercice de ce droit constitutionnel, c’est-à-dire d’après la constitution de 1808. Cependant, l’art. 1er de la loi plaçait le secrétaire d’État sous les ordres du Président d’Haïti : le cas échéant, une autre loi l’eût placé à cet égard sous ceux du sénat[1].

Mais Pétion, qui gardait le silence jusque-là, parla à son tour au peuple et à l’armée, dans une proclamation ou adresse du 26 novembre. Après avoir rendu compte de l’objet qu’il s’était proposé dans la dernière campagne, de la marche de l’armée, des succès qu’elle avait eus contre l’ennemi ; en rendant justice aux divers généraux, notamment à Bonnet, pour la bravoure qu’ils avaient montrée, à toute l’armée enfin, à la flotte, et parlé avec non moins d’éloges de Lamarre, « de l’esprit de résolution, de cet ascendant qu’a pris depuis longtemps l’armée victorieuse qu’il commande, sur celle de Christophe qui est toujours battue, » il dit aux citoyens de se reposer sur sa sollicitude pour faire triompher les armes de la République et fixer le bonheur parmi eux. « Tous mes soins, toutes mes veilles, dit-il, seront toujours consacrés à ce but. » Néanmoins, la proclamation se termina ainsi :

« Cependant, quelques malveillans ont cherché, par des propos calomnieux, à égarer l’opinion publique

  1. La loi du 25 novembre fixait le traitement du secrétaire d’Etat au tiers de celui du Président d’Haïti ; mais elle lui donnait le même costume, à la réserve de la broderie qui serait en argent.