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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/252

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En même temps, Juan Sanches s’adressait aussi à Christophe, pour avoir de lui des armes et des munitions qui lui furent expédiées. Il s’était déterminé à cette démarche, non-seulement par la proximité du Cibao avec le Nord, mais par les conseils de Manuel Carabajal qui avait connu Christophe au Cap depuis longtemps[1].

Ainsi, les deux chefs des Haïtiens, quoique divisés et en guerre, contribuaient chacun à l’expulsion des Français, d’un territoire qu’ils espéraient de réunir plus tard et qui était compris dans l’acte d’indépendance du 1er janvier 1804.

Informé de la situation des esprits du côté de Neyba, etc., le 3 octobre Ferrand donna l’ordre au colonel Aussénac, officier d’une grande bravoure, de s’y transporter pour prendre les mesures qu’il jugerait convenables. Apprenant lui-même que les insurgés étaient campés à Malpasso, sur les bords de la rivière du Petit-Yaque, le 10 ce colonel partit d’Azua avec 80 hommes de troupes françaises et deux compagnies de dragons indigènes. Le 12, il était en présence de l’ennemi qu’il attaqua ; mais il fut complètement battu par environ 200 hommes réunis sous les ordres de Cyriaco Ramirès et de son lieutenant C. Huber. Ce succès des insurgés rendit l’insurrection générale dans tous ces quartiers ; la nouvelle en parvint de là dans le Cibao et dans le département de l’Ozama, et ranima l’espoir de tous les conspirateurs ; chaque ville, chaque bourgade avaient leurs chefs qui se préparèrent à la lutte.

Un nouvel engagement eut lieu entre Aussénac et les insurgés au nombre de 500, le 25 octobre, à Savana-la-

  1. En allant vendre des bestiaux, Manuel Carabajal avait eu l’occasion de se lier avec H. Christophe au Cap, où ce dernier faisait ce trafic peu avant la révolution.