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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/273

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non[1] avec un obusier, des obus chargées et quelques artilleurs. »

Delva devait porter cette lettre ; il fut remplacé par Éveillard aîné, qui était chargé d’informer le président de quelques tracasseries suscitées à Lamarre, par le capitaine d’un corvette anglaise arrivée au Môle en même temps que notre flotte. Ce gentleman prétendait « que le gouvernement de la République avait mal acheté les plus forts bâtimens qui la composaient ; qu’il avait enrôlé des sujets anglais  ; et qu’un ordre de S. M. B. venait de déclarer la neutralité de la Grande-Bretagne dans la querelle civile entre les Haïtiens. » Or, si cet acte était réel, la partialité de ce capitaine n’était pas moins évidente, quand il nous cherchait querelle pour l’achat de nos gros navires de guerre qui équilibraient les deux flottes ennemies. Lamarre lui répondit qu’il croyait le président assez expérimenté, pour n’acheter des navires qu’à bon escient et pour ne pas vouloir enrôler des étrangers ; qu’au surplus, il allait écrire pour en informer le président, et que la corvette anglaise pouvait se transporter au Port-au-Prince. Nous ignorons si elle y vint, si son capitaine osa récidiver ses ridicules observations, qui n’avaient d’autre but que de paralyser notre flotte, par la crainte d’due tentative de la part de la corvette à capturer ceux des bâtimens qu’il désignait. Vingt jours après, Lamarre informait le président qu’un étranger, venu de la Jamaïque au Môle, lui avait rapporté que Christophe y avait fait faire des réclamations au sujet de nos

  1. Zénon était un ancien artilleur de la Légion de l’Ouest, dans la compagnie que commandait Pétion : c’était un officier aussi brave que capable dans son art ; il était un homme de couleur de la Martinique. Cette île et la Guadeloupe ont été noblement représentées à Haïti.