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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/291

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une preuve qu’il voulait l’ordre et la tranquillité publique, la répression de la licence et le maintien des lois. C’était aux autorités secondaires à le comprendre, à remplir leurs devoirs, à ne pas vouloir que le chef de l’État intervînt à tout moment, dans les affaires de détail administratif qui étaient de leurs attributions.

Dans sa pensée, il paraît, la campagne de 1809 devait être la dernière à entreprendre contre Christophe, puisque toutes, depuis 1807, n’avaient abouti à aucun résultat appréciable sous le rapport militaire ; car, aussitôt son retour au Port-au-Prince, il traça le plan des fortifications de cette place qui furent commencées. Il dut prévoir que le Môle tomberait tôt ou tard au pouvoir de son infatigable ennemi, et qu’alors il marcherait contre la capitale : en faire le boulevard de la République pour lui résister, se préoccuper spécialement de soutenir le Môle afin de donner le temps de la fortifier, furent l’objet le plus pressant.

Il faut rendre justice à Christophe pour l’énergie qu’il montra pendant cette guerre, l’activité qu’il déploya partout où il était attaqué. Sans ces qualités qu’il possédait, il eût été vaincu ; elles tenaient à son caractère orgueilleux, et son système de gouvernement les exigeait aussi. Il avait commencé par toutes les rigueurs de son despotisme, qui firent soulever contre lui les populations fatiguées de son joug ; il fallait qu’il continuât ces moyens affreux, qui lui firent compter pour rien le sacrifice des hommes pour se défendre. Avec lui, l’insuccès d’un officier dans une affaire quelconque entraînait souvent sa mort ; mais la sienne, d’une manière violente, devait enfin solder ce bilan du crime, s’il est permis de s’exprimer ainsi.