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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/320

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lais de la présidence. Arrivé dans la semaine sainte, Rigaud assista avec lui à la messe du jour de Pâques, où il ne manquait jamais de se trouver, et ils participèrent tous deux, avec les fonctionnaires publics, à un banquet qui leur fut offert au presbytère par l’abbé Gaspard, curé du Port-au-Prince : ce fut le signal d’autres auxquels des fonctionnaires et des citoyens se plurent à convier l’ancien révolutionnaire. Le commandant des forces navales, Panayoty, se réunit aux frères Gaspard et aux autres capitaines des garde-côtes, pour offrir à Pétion et lui une brillante fête, à bord du Flambeau qui portait le pavillon du commandant.

Toute cette réception, toutes ces fêtes, tout cet accueil empressé, prou vent la profonde estime et l’amour que Rigaud avait laissés dans le cœur de ses compatriotes. À la parade qui eut lieu le dimanche de Pâques, les troupes étant réunies au grand complet, Pétion lui céda la droite pour en passer l’inspection, et le présenter en quelque sorte à leur respect, par cet acte de déférence : il l’accepta. Cette courtoisie militaire jeta peut-être dans son cœur, la première étincelle de l’ambition nouvelle qui s’y alluma bientôt après : le brevet de général de division que lui donna Pétion, pour mieux le rehausser aux yeux de l’armée et des citoyens, y contribua encore.

Malheureusement pour la gloire personnelle du général Rigaud, il arriva en Haïti dans des circonstances fâcheuses, dans celles où son caractère ne pouvait éviter l’écueil où il échoua. Il trouva le sénat forcément ajourné ; plusieurs des sénateurs en proie à la rancune qu’ils gardaient à Pétion, quoique ce fût par leurs propres fautes ; les esprits encore agités par la mort récente de Gérin ; le Môle assiégé de manière à prévoir sa chute très-pro-