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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/368

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Et il put croire que Pétion était dupe de toutes ses protestations de fidélité et d’amitié ! Pétion était déjà fixé, en écoutant Blanchet, après avoir causé avec le général Wagnac. Ignorait-il d’ailleurs tout ce qui se disait au Port-au-Prince même ? Le bavardage des opposans lui en avait assez appris, et plusieurs citoyens avaient passé dans le Sud, soi-disant pour affaires d’intérêt privé : de ce nombre étaient Pélage Varein, sénateur en fonction ; Daumec et Simon, qui avaient cessé de l’être de droit en 1809, ayant été élus pour trois ans en 1806.

La mission de Blanchet, au Port-au-Prince, paraît avoir eu pour but de prévenir les opposans, de l’intention de Rigaud, au cas que son fameux plan ne fût pas adopté par Pétion. Il était assez coutumier de ces sortes de voyages, pour qu’on présume cela de lui. On vient de lire que Rigaud disait au président « qu’il y avait beaucoup à faire, avant de se promettre un résultat immédiat, » par rapport aux insurgés de la Grande-Anse ; mais ces paroles avaient un double sens, et elles se rapportaient à un autre plan sorti également du cerveau de Blanchet, rédacteur principal de la constitution de 1806.

Au terme de son article 46, — tous les trois ans, du 1er au 10 du mois de novembre, les assemblées paroissiales devaient se convoquer de plein droit, dans chaque département, pour nommer chacune un électeur ; ces électeurs réunis ensuite en assemblées électorales aux chefs lieux des départemens, devaient former des listes de citoyens propres à remplir les fonctions de sénateurs, qu’ils enverraient au sénat ; et ce corps nommerait parmi les candidats, le nombre de sénateurs qu’il faudrait pour remplir les vacances survenues dans son sein, par mort, démission ou expiration de fonction. Or, la série de ceux