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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/409

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vengeance, osa concevoir le projet de déposer Juan Sanches, parce qu’il avait pris une part active à l’insurrection, et qu’il avait une certaine influence ; mais, découvert dans sa conspiration, il fut accusé de vouloir proclamer la République d’Haïti à Santo-Domingo, et périt avec trois de ses principaux complices. Juan Sanches profita de cette circonstance pour tenter de se débarrasser de Cyriaco Ramirès, qui était aux fers, en l’accusant de complicité au prétendu projet de Foleau, avec d’autant plus d’apparence de raison, que l’infortuné avait été d’avis de s’allier avec la République. Heureusement pour Cyriaco Ramirès, l’un des magistrats chargés de juger cette affaire, José Joaquim Delmonte, réussit à faire rejeter l’accusation de complicité[1]. La jalousie haineuse de Juan Sanches jeta ainsi dans l’esprit public, l’idée de la possibilité de cette entreprise ; elle germa et porta son fruit plus tard.

Cet échec que subit le capitaine-général devant la magistrature, devint le signal d’une vive opposition de la part des fonctionnaires qui ne tenaient pas leurs emplois de son autorité ; elle se communiqua aux citoyens, parmi lesquels se trouvaient des hommes d’une naissance plus considérée dans l’Est, que celle de son chef : celui-ci n’en fut que plus irrité, et sortit souvent hors des bornes d’une sévérité nécessaire dans sa position.

Telle était la situation des choses, lorsqu’à la fin de 1810 don Xavier Caro, ministre de la Régence, arriva à Santo-Domingo, en qualité de délégué du gouvernement espagnol, pour assurer son autorité dans l’Est. Comme il était natif de cette ville et qu’il y avait des parens, la Régence compta sur son influence[2] : d’un autre côté, elle

  1. J.-J. Delmonte devint, par la suite, sénateur de la République d’Haïti.
  2. Cette influence était réelle ; car Xavier Caro, avant de venir à Santo-Domingo, avait