Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/418

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coupole, 80 pieds d’élévation ; le dais du trône, une hauteur de 70 pieds : elle fut construite en moins de deux mois par tous les ouvriers du Nord et de l’Artibonite mandés à bref délai. Le 2 juin, le couronnement du roi et de la reine eut lieu avcc grandes pompes dans cette église, par l’archevêque Corneille Brelle ; les fêtes, à cette occasion, durèrent huit jours ; des envoyés officiels de la partie de l’Est y assistèrent, en souvenir de la recommandation testamentaire de Juan Sanches ; des banquets somptueux furent donnés, etc., etc.

On est si heureux d’arriver à une telle dignité ! Mais le revers de cette médaille, ce furent l’orgueil humilié, le désespoir, un coup de pistolet au cœur qui n’eut jamais un sentiment de pitié pour ses semblables, un cadavre à peine recouvert de quelques pelletées de terre, et une mémoire exécrée de la postérité !

Juste Chanlatte, devenu comte des Rosiers, composa une cantate pour la circonstance ; peu auparavant, il avait fait une ode sur la prise du Môle : dans ces deux pièces, il exalta tous les genres de mérites de H. Christophe, mais en se réservant, in petto, de tracer un jour le portrait du Tyran, si celui-ci lui laissait sa tête ».[1]

J. Prévôt, comte de Limonade et secrétaire d’État des affaires étrangères, fit une « Relation des glorieux événemens qui ont porté Leurs Majestés royales sur le trône d’Haïti, suivie de l’histoire du couronnement et du sacre du roi Henry Ier, et de la reine Marie-Louise. » Il la dédia à Victor Henry, prince royal, héritier présomptif de la couronne, dont la triste destinée était d’être égorgé par ces nobles qui avaient tant juré et promis d’être fidèles à

  1. À la mort de Christophe, J. Chanlatte publia ce portrait au Cip : c’est l’histoire de tous les courtisans, de tous les hommes qui tremblent devant un tyran.