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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/428

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facilement à relever leurs fusils. En y allant, le général Wagnac avait offert à Rigaud de les aller soumettre seul et de les contraindre à retourner à leur cantonnement. Lorsqu’ils prirent possession de l’arsenal, il leur fit dire de passer tranquillement la nuit ; que le lendemain ils demanderaient à parler à Rigaud, qui viendrait indubitablement pour les entendre et essayer de les faire rentier dans l’ordre ; qu’alors, ils l’arrêteraient pour l’embarquer, et que lui, Wagnac, se prononcerait en faveur de Pétion.

C’était le rêve d’un honnête citoyen, qui pensait obtenir ainsi la fin de la scission du Sud. Rigaud était trop courageux pour se laisser arrêter sans se défendre ; il eût été, sans nul doute, accompagné de Bonnet, de Lys et d’autres officiers ou citoyens qui, tous, eussent défendu le général en chef ; on en serait venu à la voie du meurtre départ et d’autre. Contrairement aux ordres de Wagnac, le commandant Lafrédinière, qui partageait ses sentimens pour Pétion, fit boire des officiers et des soldats de la 17e et les excita à attaquer dans la nuit même, croyant, probablement, que ce corps aurait triomphé[1].

On doit se demander maintenant, si la trame ourdie par le général Wagnac fut une combinaison spontanée de sa part, ou si elle n’eut pas lieu par suite d’un concert préalable entre lui et Pétion.

Il est certain que ce dernier avait des hommes dévoués, qui transmettaient incessamment ses intentions aux partisans qu’il avait dans le Sud, particulièrement au général Wagnac et au colonel Henry, commandant la 18e demi-brigade, à Jérémie. À cette époque on citait,

  1. Renseignemens fournis à C. Ardouin, par Longuefosse, citoyen respectable des Cayes, connu pour son attachement a Pétion et au général Wagnac.