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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/430

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consigna dans l’adresse des citoyens du Sud, et qu’il prononça ces mots : « Je veux entrer aux Cayes en pantouffles, » on peut croire que sa résolution habituelle fut de mettre en jeu tous les ressorts de la politique, afin d’exécuter sa volonté : de là l’affaire de la 17e.

Rigaud en sortit vainqueur, il est vrai ; mais il dut comprendre que son ancien-prestige était évanoui dans le Sud. Il ne pouvait ignorer que Pétion y avait de nombreux partisans, et, par conséquent, qu’il serait exposé à de nouvelles tentatives de la même nature. Au fait, qu’avait produit, pour lui personnellement, la séparation de ce département de celui de l’Ouest ? La vaine satisfaction d’en être le général en chef, de ne plus recevoir les ordres du Président d’Haïti. Mais, pour les citoyens, ses frères, une profonde division qui nuisait à leur sécurité. Avait-il éteint l’insurrection de la Grande-Anse, ramené l’ordre et la prospérité dans les finances, rétabli les bonnes mœurs et l’empire des vertus, substitué une meilleure discipline dans les troupes, mis plus d’activité dans la culture, plus de bonne foi dans les transactions commerciales, etc., toutes choses qu’il avait promis de faire par sa proclamation du 6 novembre 1810 ? Il y avait dit aussi : « J’ai assez vécu dans les emplois publics pour connaître les agitations et les peines qui en sont inséparâbles, et pour savoir apprécier le calme et les douceurs d’une condition privée. »

Aussi, remarqua-t-on qu’à partir de l’affaire du 28 juin, ses facultés baissèrent chaque jour ; ce n’était plus le même homme. Accablé par la maladie, les chagrins consumaient son âme jadis si énergique ; la réalité des choses se dévoila à ses yeux : il comprit alors, sans doute, l’inanité de sa conception politique, qui le porta à