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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/434

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fructueuses, il ait pu s’y déterminer, si l’on ne s’expliquait une telle entreprise, par l’aberration des esprits à cette époque et cette déplorable ambition qui entraîna tant d’autres avant lui. Les généraux Yayou, Magloire Ambroise et Gérin avaient échoué dans leur rébellion ; le général Rigaud, se faisant le chef d’une faction considérable, avait réussi dans la sienne : le général Delva crut pouvoir réussir aussi en formant sa conspiration, sans considérer, peut-être, que Rigaud avait trouvé tous les élémens de son succès éphémère, dans la lutte antérieure entre le sénat et le Président d’Haïti, et qu’il avait offert plus de garanties que Gérin, qui tenta vainement de mettre le même projet à exécution.

Quoi qu’il en soit, Delva n’était guère qu’au début du sien, quand le président en fut informé. Indépendamment de son habileté à surveiller la conduite de tous les hommes importuns de son époque, aucun chef n’inspirait comme lui des sentimens de profond attachement à sa personne. Sans entretenir des mouchards, comme font souvent les gouvernemens les plus policés, il était toujours renseigné de ce qui lui importait de savoir, par l’effet de ce dévouement. Ceux qui l’en avisaient, étaient d’ailleurs persuadés, certains, que jamais leurs noms ne seraient cités, pour ces renseignemens fournis à lui-même, sans intermédiaires. Patient, prudent et courageux, capable de combinaisons profondes, il savait attendre pour mieux réussir dans l’œuvre patriotique qu’il entreprit en faveur de son pays et de ses concitoyens ; et ce sont ces qualités supérieures, en outre de sa modération exemplaire, de son indulgente bonté, qui peuvent expliquer ses constans succès.

Il est donc certain, à l’égard du fait qui nous occupe,