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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/451

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Après une longue maladie, celle de Rigaud s’éteignit aux Cayes, dans la nuit du 17 au 18 septembre, au milieu de sa famille et de ses amis éplorés. Nous ne connaissons pas les particularités intimes de sa dernière heure ; mais nous savons qu’il fut généralement regretté dans sa ville natale et dans la plaine qui l’avoisine. Il ne put que l’être aussi dans tout ce département du Sud qu’il avait jadis commandé, gouverné, et qu’il avait placé de nouveau sous ses ordres. Nous entendons parler ainsi de la plupart des citoyens, peut-être même dé ceux qui n’approuvèrent point la scission qu’il opéra entre le Sud et l’Ouest ; car, malgré ce tort politique, on ne pouvait oublier les anciens services qu’il avait rendus à son pays, à la cause de la liberté qu’il fit triompher dans le Sud comme dans l’Ouest. La mort a le privilège d’attendrir les âmes.

La faute qu’il commit, fut sans doute plus le résultat de la faiblesse de son esprit que des mauvais sentimens de son cœur. Déjà, nous avons reconnu, apprécié en lui, peu de jugement comme homme politique, par les fautes qu’il fit dans la guerre civile avec Toussaint Louverture, « pour n’avoir pas apprécié sainement sa situation à l’égard du Directoire exécutif et de son agent.[1] » Eh bien ! il pécha encore, en 1810, à l’égard de Pétion, par la même cause : insuffisance de lumières, incapacité politique. Sans doute, son ambition y eut une grande part ; mais ce fut surtout pour n’avoir pu reconnaître qu’entre Pétion et la faction du sénat, il devait se décider en faveur du chef de l’État, plutôt que de se faire le chef de cette faction ; ou tout au moins, essayer le rôle de

  1. Voyez tome 4 de cet ouvrage, page 213.