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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/464

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— considérant qu’il n’en est pas de même du peuple du Sud, qui a manifesté d’une manière énergique et irrévocable la volonté de se gouverner comme il lui convient, en renonçant pour jamais à l’autorité que le président Pétion veut avoir et veut rendre héréditaire dans sa famille, comme d’un bien à lui appartenant[1] : les députés du Sud ont déclaré que les conférences étaient terminées et qu’ils allaient, conformément à leurs instructions, se retirer dans leur département. »

Après ce rapport, où l’esprit de localité se montre sans équivoque, où Pétion est considéré comme un tyran, où l’on voit percer les reproches qu’on lui faisait par rapport à Boyer, envisagé comme membre de sa famille, le conseil lui-même fit une adresse aux citoyens du Sud, pour expliquer ses motifs dans les négociations qui n’aboutirent pas au gré de ses désirs. Quoique ce document respire plus de calme que les précédens émanés de la même source, on reconnaît que le conseil regrettait d’avoir, jusque-là, qualifié Pétion de président ; il n’y est plus traité que de général ; il se termina ainsi : « Maintenant, citoyens, c’est à vous à prononcer ; dites de quel côté sont les torts, de quel côté est la droiture ; dites quel est le gouvernement qui, se jouant des obligations qu’on lui avait imposées et qu’il avait consenties, a voulu prolonger les malheurs qui pèsent sur les deux départemens… » Cette adresse porte la date du 28 décembre.

Or, le peuple auquel on faisait cet appel, — surtout le peuple armé et organisé régulièrement (les troupes),

  1. La nomination de Boyer au commandement de l’arrondissement du Port-au-Prince, paraît avoir suggéré cette pensée. Ce petit homme (selon l’expression de Lamothe Aigron), était un vrai cauchemar pour bien des gens.