Aller au contenu

Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/488

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

larités de cet événement qui lui faisait présager le terme de la scission du Sud, par les précédens résultant des négociations infructueuses du Grand-Goave. Par ce message, Pétion dit au sénat : « Ce qu’il y a de plus satisfaisant, citoyens sénateurs, c’est qu’il n’y a pas eu une seule goutte de sang de répandue. »

Le fait est, que le colonel Henry lui avait laissé ignorer l’assassinat du chef d’escadron Delaunay, sénateur et commandant de la place de Jérémie. Cet officier, étant malade, se trouvait à la campagne en changement d’air ; aussitôt le mouvement opéré dans la ville, on alla sur l’habitation où il se tenait et on l’égorgea pendant la nuit. Le seul motif de ce crime fut attribué au désir de le remplacer dans son emploi militaire. Henry fut coupable de le laisser commettre, s’il ne l’ordonna pas lui-même. Delaunay pouvait être écarté, sans aucun danger pour le plein succès de la soumission de l’arrondissement ; et le silence que ce colonel garda envers le président, sur cet assassinat, fait présumer qu’il l’ordonna, par quelque haine qu’il avait pour la victime.

En même temps qu’il ordonnait la sortie du Port-au-Prince, de plusieurs corps de troupes, pour se porter au Pont-de-Miragoane et aider, par sa présence sur ce point, aux défections dans les autres arrondissemens du Sud, Pétion se décida à envoyer Panayoty et Frémont auprès de Borgella, porteurs d’une dépêche en date du 11 mars. Il lui parla des motifs qu’il avait eus d’agir avec patience et modération, à l’occasion de la scission du Sud, par son espoir que la douceur et la persuasion produiraient avec le temps leur effet sur les esprits ; mais que le moment était arrivé où chacun devait reconnaître la nécessité de revenir à l’unité dans le gouvernement, afin de