Aller au contenu

Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/535

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On apprit que l’ennemi parcourait la plaine du Cul-de-Sac en pillards. Le président chargea le général Frédéric d’aller réprimer ce brigandage. Ce général s’y rendit à la tête d’une colonne, rencontra le lieutenant-général J.-P. Daut, duc de l’Àrtibonite, mit sa troupe en déroute et faillit à le faire prisonnier. Le duc lui laissa son chapeau galonné, en compensation de celui du général Boyer.

À la fin de mai, notre flotte était enfin réorganisée. Celle du Nord ayant paru dans la baie, elle sortit à sa rencontre, le 25, et engagea le combat en vue du Port-au-Prince. Au moment où il y avait lieu de croire que la nôtre allait obtenir un succès complet, son commandant Frédéric Bernard reçut une blessure, et la Furieuse sur laquelle il montait, fut endommagée dans sa mâture : la nuit survenant alors, elles se séparèrent, et la flotte ennemie alla mouiller au Fossé. Quelques jours après, elle en sortit, se dirigeant vers Saint-Marc : la nôtre la poursuivit et la joignit du côté du Mont-Roui où une nouvelle action s’engagea, le 1er juin, et se renouvela dans la matinée du 2 ; mais il n’y eut rien de décisif.[1]

Depuis plusieurs semaines, deux frégates anglaises étaient venues mouiller dans la rade du Port-au-Prince ; leurs officiers, descendant à terre, allaient tous les jours visiter les lignes de la place ; on voyait leurs canots se diriger vers le port du Fossé, et de là ils se rendaient à Brouillard auprès de Christophe. Quoiqu’il fût à présumer qu’ils lui rendaient compte de la situation de la place, d’après leurs observations, ce n’eût été encore rien de dangereux ; mais les commandans de ces navires de guerre, dans leur partialité en faveur du « Régénérateur

  1. Nous puisons ces détails, dans une lettre de Pétion au général Henry, en date du 2 juin.