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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/540

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le chef de bataillon Adonis, ayant sous lui le chef de bataillon Dugazon, tous deux d’une bravoure éprouvée. Il donna pour instructions à Adonis, de se porter au-devant de l’ennemi pour s’opposer à ce qu’il enlevât les postes ; mais de ne pas le poursuivre en cas de succès, et surtout de ne pas aborder ses retranchemens, pour ne pas essuyer un revers possible, qui le mettrait à même d’en profiter. En cela, Borgella se conformait à l’ordre que lui avait envoyé le président, et dont il approuvait la prudence.

Au jour clair, l’affaire devint plus grave. Guerrier faisait tous ses efforts pour enlever les postes, qui combattaient ses troupes avec acharnement, tandis qu’Adonis et Dugazon les appuyaient. Borgella avait quitté son quartier-général et s’était porté sur les lieux avec le reste de sa réserve. Ses soldats, encouragés par sa présence et par l’exemple que leur trayait Bauvoir, faisaient une contenance admirable ; l’ennemi perdait beaucoup de monde, sans pouvoir réussir sur un seul point.

Soit que Pétion craignît le même résultat que le jour où le général Marion eut le malheur de succomber dans son poste, soit que Gédéon vînt lui demander à aller prendre part à cette affaire, il envoya cet officier général avec quelques troupes pour appuyer celles de Borgella. Mais il ne pouvait lui avoir donné pour instructions, de ne pas le voir, de ne pas s’entendre avec lui sur ce qu’il y avait de mieux à faire. Il ne l’envoyait pas, certainement, pour prendre le commandement de la ligne extérieure : donc, Gédéon devait s’en référer à celui qui l’avait, et se concerter avec lui.

Loin d’agir ainsi, et probablement dans l’espoir d’obtenir un succès par lui seul, Gédéon se dirigea contre l’ennemi sans voir Borgella. Il s’adressa au commandant