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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/542

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Les chefs de bataillon Alain (ancien commandant de place au Môle), Bauval, de la 17e, et Toureaux, se distinguèrent aussi par leur courage. Le général Gédéon, quoique repoussé, fut brillant de valeur.

Cette affaire du 31 mai mit hors de combat, en tués et blessés, près de 200 hommes de nos troupes : l’ennemi parut avoir éprouvé une perte plus sensible, attendu qu’il vint attaquer nos postes retranchés. Son résultat raffermit le moral de l’armée assiégée, et produisit l’effet contraire sur les assiégeans.


Il ne se passait pas une nuit, sans qu’il y eût des désertions dans les rangs de ces derniers ; il en venait en ville de tous les corps de troupes du Nord et de l’Artibonite : tous ces transfuges s’accordaient à dire, qu’il y avait un profond mécontentement dans l’armée royale ; et comment ce sentiment n’existerait-il pas au fond des cœurs ? On a vu quelle était la législation pénale codifiée par « le Grand Henry. » Sous un régime aussi barbare, comptant pour rien la vie des hommes, il n’en pouvait être autrement, surtout lorsque ces militaires savaient que celui de la République garantissait la sécurité de tous.

Nos soldats venaient en aide à cette disposition intime de leurs frères d’armes, de leurs concitoyens. Les batteries ennemies étaient si rapprochées de nos redoutes près du fort National, avons-nous dit, qu’on se parlait des unes aux autres. Chacun des soldats de la République devint un orateur à son tour, expliquant aux assiégeans ce régime de douceur pratiqué, ordonné et maintenu par le Président d’Haïti, le comparant à celui établi par Christophe, qu’ils décriaient avec une verve spirituelle dans