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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/562

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de la part de quelques-uns des naturels en faveur de la République d’Haïti, de la part d’un plus grand nombre en faveur de l’Etat d’Haïti, dans le Nord.

Rappelé enfin à l’activité militaire par Pétion, à l’occasion d’une nouvelle campagne contre cet État, le général Gérin ne tarda pas à manifester encore son mécontentement et à exciter celui des troupes placées sous ses ordres, alors que des difficultés naturelles impossibles à vaincre, obligèrent l’armée à rentrer dans ses foyers. Il se retira dans le Sud, cette fois avec l’intention de conspirer ouvertement contre le Président d’Haïti. Pendant que ce dernier était occupé avec le secrétaire d’Etat, à pourvoir à tous les besoins de la place du Môle, la conspiration de Gérin éclatait et l’entraînait au suicide, par son insuccès.

Cet événement malheureux, dû seulement à l’obstination et à la jalousie de ce vieux défenseur de la liberté, raviva dans l’esprit des membres dissidens du sénat et parmi d’autres citoyens, le mécontentement qu’ils couvaient contre le Président d’Haïti. Dans ces circonstances, le général André Rigaud arriva aux Cayes. Revenu de sa longue captivité en France, il fut revu avec joie par les populations et le chef du gouvernement lui-même ; mais les opposans, l’ancien secrétaire d’Etat Blanchet surtout, toujours haineux à cause de sa révocation, jetèrent les yeux sur lui, pour être le chef de leur faction, afin de ruiner le pouvoir du Président d’Haïti. Celui-ci ne s’en tint pas à la juste méfiance que pouvait lui inspirer sa fuite de France, d’après les avis qui lui parvinrent, ni à l’entourage qui se forma aussitôt autour de lui ; il le promut à un grade supérieur dans l’armée et lui confia la mission d’aller pacifier la Grande-Anse dont la révolte