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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/97

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des corps de la garnison à dissuader ceux de la 21e et de la 24e de prêter l’oreille au projet : ce qu’ils obtinrent facilement.

Dans la journée du vendredi 23 juillet, l’agitation des esprits fut à son comble ; le chef du gouvernement ne paraissait prendre aucune mesure en vue des éventualités ; des bruits circulaient dans toute la ville, à raison des mouvemens extraordinaires qu’on remarquait chez Yayou, de la part de ses adhérons, et l’on disait qu’il devait envahir le palais de la présidence dans la nuit, pour mettre Pétion à mort : ce qui semblait d’autant plus facile, qu’il avait placé la 24e aux casernes et au fort qui touche au palais.

Mais, plaçons ici la lettre de Pétion à Lamarre, qui fait connaître les circonstances de cette affaire.

Port-au-Prince, le 31 juillet 1807, au 4e de l’indépendance.
Alexandre Pétion, Président d’Haïti,
Au général de brigade Lamarre, commandant les forces républicaines au Port-de-Paix.

Je vais, général, vous donner le détail des événemens survenus dans le territoire de la République, depuis le 23 courant jusqu’à ce jour.

Le général Yayou avait reçu à Léogane des paquets de Christophe, par un espion du Nord. Il m’avait promis de m’envoyer l’espion, mais il n’effectua point sa promesse et le renvoya sans que j’en eusse eu connaissance.

Je n’ignore point que le général Yayou est une tête chaude ; mais je ne m’étais jamais fait une idée exacte de la duplicité de son caractère. Je me figurais toujours que le temps et l’expérience le ramèneraient à la raison.

Dans la nuit du 23 au 24 courant, la tranquillité dont on paraissait jouir fut tout d’un coup interrompue par le bruit de la générale que l’on battit en ville. Les soldats de la garnison étaient accourus d’eux-mêmes aux postes et l’avaient fait battre, parce qu’ils étaient