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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/110

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en désirant la paix intérieure, parce que tous ces individus étaient autant de conservateurs dans la République.

Cet immense résultat, social et politique, produit par la sage prévoyance de son chef, autorisait donc celui-ci à proposer l’indemnité en faveur des anciens colons, comme un sacrifice utile au repos de la nation dont les revenus seraient affectés à s’en libérer successivement.

Ensuite, le rétablissement des relations commerciales avec la France, faisant admettre un peuple de plus sur les marchés d’Haïti, la concurrence qui s’ensuivrait ne pouvait que faire hausser le prix des denrées d’exportation, provoquer leur accroissement, au grand avantage des producteurs nouveaux propriétaires, en même temps qu’en leur qualité de consommateurs, ils recevraient les produits français dont ils étaient privés depuis dix ans.

En outre, la transaction que Pétion proposa au gouvernement français, si elle obtenait le succès qu’il était en droit d’espérer, devait mettre le peuple haïtien en relation avec les hommes d’un pays dont sa civilisation dépendait en quelque sorte, puisque son organisation, sa législation, sa religion, ses idées empruntaient tout à la France, de même qu’il en a été entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. Haïti ne pouvait donc que gagner à ce contact, par la conformité du langage.

Et n’allait-elle pas gagner aussi en stabilité, par le principe qui découlerait naturellement de l’indemnité offerte pour les biens confisqués des colons ? Ces biens, en 1814 surtout, passant aux mains des citoyens de la République, c’était leur inculquer le principe du respect dû à la propriété, nécessaire pour leur en garantir la paisible jouissance, les intéresser par là à l’observer entre