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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/261

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que sous la médiation et la garantie de la Grande-Bretagne[1].

Mais cette puissance n’était pas plus disposée à l’assister, qu’elle ne s’était montrée disposée envers la République, lors de la mission de Garbage en Angleterre : elle était liée par le traité additionnel à celui de Paris. D’ailleurs, sa clause de réserve, dont nous avons parlé, laissait toujours à ses nationaux la faculté de continuer le commerce avec Haïti. Dans le Royaume, ils en avaient presque le monopole ; et dans la République, ils jouissaient d’un privilège par la réduction des droits d’importation. L’intérêt de la Grande-Bretagne était donc de laisser subsister le statu quo dans la question de l’indépendance.

C’était au gouvernement français à comprendre l’intérêt de la France et de son commerce ; mais il fallut plusieurs années pour cela, et l’accomplissement d’événemens importans pour le convaincre. Ses commissaires avaient dit à Pétion, « qu’il ne pourrait reconnaître a l’indépendance de la République d’Haïti, parce qu’elle pouvait succomber sous les efforts d’un simulacre de monarchie horriblement absolue.  » On se retrancha derrière cette éventualité possible ; et après l’événement contraire, on trouva encore de nouveaux argumens. En attendant, on profita de la tolérance judicieuse de Pétion, en laissant continuer les relations de commerce entre les navires français et la République : car on ne perdit

  1. En 1815, Peltier avait conseillé Christophe, de persister dans l’offre qu’il l’avait autorisé de faire au gouvernement français, de donner 10 pour cent de la valeur des biens des anciens colons, comme indemnité, et ce, à raison des propositions de Pétion à D. Lavaysse. Mais Christophe lui fit répondre : « qu’il était trop tard, et que ce qui avait pu être proposable dans un temps ne l’était plus dans un autre. » Alors, Christophe se persuadait que les événemens de 1815, en France, rendaient impossible toute expédition militaire contre Haïti. Il entra en correspondance avec Wilberforce et les autres abolitionistes anglais, dans ses vues d’obtenir la médiation et la garantie de la Grande-Bretagne.