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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 8.djvu/411

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Ainsi, le président cumulait réellement les attributions relatives aux affaires extérieures, à l’intérieur, à la guerre, à la marine, au commerce, aux travaux publics, aux cultes et à l’instruction publique. Les deux autres grands fonctionnaires travaillant aussi avec lui, séparément, il est clair qu’ils n’exécutaient que ses ordres. Et quoique, dans l’exercice de son pouvoir, Boyer les réunissait fort souvent pour délibérer avec lui sur bien des mesures à prendre, la loi ne lui en faisait pas une obligation, non plus que la constitution.

Cette concentration d’attributions diverses n’effraya pas Boyer qui aimait le travail ; mais, malheureusement, il entrait par là dans une foule de détails de l’administration de la République : ce qui lui faisait perdre un temps précieux qu’il eût peut-être mieux employé aux conceptions de choses utiles. Cette manière de procéder était sans doute convenable dans les premiers momens, pour donner l’impulsion aux hommes chargés des diverses branches du service ; mais après, surtout quand toute l’île d’Haïti fut réunie sous les mêmes lois, il eût convenu aussi que des Secrétaires d’État eussent des attributions réelles pour administrer, tandis que le Président d’Haïti gouvernerait, et que la loi régnerait.

La constitution de 1816 ne s’opposait point à une telle organisation, sous la direction du chef de l’Etat ; car elle admettait la nomination d’autant de Secrétaires d’État qu’il faudrait pour l’administration. En divisant le travail, cette organisation aurait pu permettre d’appeler plus de capacités à concourir au gouvernement et à l’administration du pays, de donner aux départemens une satisfaction d’amour-propre de s’y voir représenter en quelque sorte par des citoyens sortis de leur