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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/125

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lui avais demandé la permission d’aller chez elle : elle se tira d’affaire fort poliment, sous prétexte qu’elle était avec sa mère, qui ne recevait personne, et qu’elle n’était point sa maîtresse. J’étais devenu amoureux au dernier point, et j’avais été assez heureux pour le cacher à mes amis, parmi lesquels j’en avais plusieurs qui étaient mes rivaux.

Les principaux étaient le marquis d’Entrecastcaux et le comte de Limaille[1] ; ils avaient tous les deux de quoi se faire aimer par leur douceur et leur politesse. Le marquis d’Entrecasteaux joignait à ces qualités plus d’un million de biens ; c’étaient aussi les deux seuls que je craignisse. Quoique Sylvie eût une grande indifférence pour ses adorateurs, je tremblais que quelqu’un ne pût lui plaire ; elle me faisait bien des politesses, mais c’étaient

  1. Le marquis d’entrecasteaux était officier de marine, il s’est distingué dans ce service ; il a fait plusieurs voyages dans le Nord, dont les relations sont estimées ; il eut dans un âge très-avancé le commandement de deux frégates, la Recherche et l’Espérance, pour aller à la recherche de M. de la Peyrouse ; il est mort à la mer dans cette expédition en 1793. Nous ne connaissons pas le comte de Limaille dont parle le marquis d’Argens.