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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/153

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hier au soir, ne soit pas le dernier que j’aie à appréhender.

J’allai dans l’instant chez la Robbé. C’était une comédienne de la troupe ; j’y trouvai Sylvie, qui me parut très-affligée ; ce qui lui faisait le plus de peine, c’était d’être obligée de se séparer de sa belle-mère. Elle avait été piquée de quelques discours qu’elle lui avoit tenus, et elle n’avait pu résister à la tentation de lui répondre ; elles en étoient venues aux invectives, et s’étaient mises toutes les deux dans la nécessité de ne pouvoir plus vivre ensemble. J’étais fâché de mon côté que Sylvie quittât sa mère ; je comprenais combien un pareil éclat ferait de bruit. Je lui proposai de la raccommoder avec elle, et de me charger de cette paix. J’y consens volontiers, me répondit-elle ; mais je doute que vous en veniez à bout. Je l’assurai que je réussirais. J’allai chez la mère qui fut d’abord étonnée de me voir. Madame, lui dis-je, votre fille m’envoie chez vous, pour vous demander sa grâce ; elle a cru qu’étant la cause de votre brouillerie, je devois me charger du raccommodement. Vous croyez qu’il y a quelque chose de criminel entre votre fille et moi ; j’ose vous protester par