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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/173

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lettre de cachet pour moi, s’il pouvait me faire revenir en France, et envoya à Barcelonne un de ses amis, nommé Crivelly, homme d’esprit et d’un excellent caractère, pour intervenir eu son nom. Il le chargea d’une procédure, qu’il fit faire par le juge criminel à Aix, où Sylvie était dépeinte comme la plus grande malheureuse du monde.

Dès que Crivelly fut arrivé, il vint me voir, et me montra l’information qu’on avait faite contre Sylvie. Elle me causa plus d’indignation que de colère ; cependant comme je craignais qu’elle ne prévînt l’évêque et le grand-vicaire, qui étaient les deux seules personnes maîtresses de mon sort, j’écrivis un mémoire de vingt feuilles en latin, que je leur envoyai. Crivelly y répondit assez bien ; mais, comme j’étais fondé et que j’avais pour moi tous les casuistes espagnols et le concile de Trente, il me fut aisé, dans une réponse de six feuilles, d’anéantir toutes ses objections#1.

Crivelly comprit bien qu’il fallait mettre en[1]

  1. Suivant le concile de Trente, les mariages sont valides par la simple bénédiction nuptiale et le consentement des époux ; il n’exige point celui des parens, comme condition essentielle ; et l’on ne peut refuser le sacrement à ceux qui le demandent, avec