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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/187

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fûmes obligés de mouiller aux Fromentières. Les îles qui portent ce nom sont à quelques lieues de celles de Minorque et de Majorque ; elles ont été fort peuplées ; mais Barberousse, en revenant de France avec la flotte turque, en fit les habitans esclaves, et les vendit à Constantinople[1]. Il n’y a plus aucune habitation ; on y peut faire commodément de l’eau et du bois. Comme nous restâmes près de huit jours pour attendre le vent, je proposai au chevalier de Clairac, capitaine dans le régiment de la marine, et ingénieur en chef actuellement, avec qui j’avais fait connaissance, d’aller voir l’ile d’Yviça, qui n’est qu’à

  1. Il y a eu plusieurs Barberousse ; celui qui ravagea les îles Fromentières, et en vendit les habitans à Constantinople, se nommait Cheredin Barberousse, fils d’Aruch Barberousse, et son successeur au royaume d’Alger, en 1518. Il fut général des armées navales de Soliman II, empereur des Turcs. Il se fit un nom célèbre par sa valeur, ce qui ne l’empêcha pas de mourir des suites de la débauche ent 1547. Barberousse revenait de faire une course sur les côtes de France, lorsqu’il dévasta les îles Fromemières, qui appartenaient aux Espagnols avec qui nous étions en guerre. Il y a beaucoup de serpens, d’ânes sauvages et des salines dans ces îles.