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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/326

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moi faire une compagnie dans le troisième bataillon qu’on formait. Je rencontrai à Avignon, dans l’auberge, un négociant de Marseille, qui revenait de Barcelonne ; je lui demandai ce qu’il y avait de nouveau : J’ai vu, me dit-il, dans ce pays-là, une personne qui est actuellement aux eaux de Balaruc, et qui m’a souvent parlé de vous. Je le priai de me dire qui c’était. C’est madame Sylvie, me répondit-il ; elle vous aime toujours. De qui parlez-vous-là, lui dis-je ? Vous ne la connaissez pas ; si vous saviez la manière dont elle en a agi à mon égard. …Je la sais mieux que vous, me répondit-il, et c’est vous qui l’ignorez ; quand vous étiez en prison dans la citadelle, on était résolu de ne vous faire sortir que lorsqu’elle serait mariée. Cependant, comme on voyait que, si elle ne s’établissait point, on ne pourrait pas vous tenir toujours prisonnier, l’intendante lui dit que votre famille allait vous envoyer dans les Indes, si elle restait fille plus long-temps. On avait retenu à la poste toutes vos dernières lettres. La tendresse qu’elle avait pour vous la fit résoudre à faire ce qu’on voulut ; elle se maria et se rendit malheureuse, pour vous rendre heureux ; elle a toujours été, depuis