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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/336

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de m’établir, et que je lui serais obligé d’y penser sérieusement. Ma mère me répondit qu’elle ne s’opposait point à mon mariage, mais que mon père ni elle ne pouvaient me rien donner ; que, n’étant pas d’humeur à planter des choux dans leurs terres, il leur fallait du bien pour vivre à la ville, ainsi qu’il convenait au rang que mon père y occupait ; que, désormais, elle ne pouvait plus me donner que la moitié de la pension qu’on me faisait. Cette lettre me résolut entièrement à quitter le monde, La tendresse que j’avais reprise pour Sylvie m’avait ouvert les yeux sur tous mes égaremens. J’employai le temps que je passai à Paris à me remettre dans l’usage de peindre, pour m’amuser dans la solitude où je comptais me renfermer dès que j’aurais vu Sylvie. Un voyage que j’ai été obligé de faire éloigne encore pour quelque temps le plaisir que j’aurais de la revoir, et la tranquillité dont j’espère de jouir bientôt[1].

  1. Le Marquis d’Argens veut parler du voyage qu’il fit en Hollande ; c’est là qu’il se mit à écrire les Lettres Juives et quelques autres écrits dont nous avons parlé dans la notice qui suit celle de sa vie. Mais il ne nous apprend point ce que devint la belle Sylvie ; il paraît qu’il ne lui resta pas long-temps fidelle, puisque nous