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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/351

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M. le Brun, il fallait qu’un peintre et qu’un sculpteur allassent chercher bien loin, et avec des peines infinies, ce que la grandeur et la magnificence de Louis xiv a rendu commun dans son royaume.

Avouez donc que les ouvrages des grands hommes, le loisir de travailler, l’espérance même des honneurs ne peuvent élever quelqu’un jusqu’au degré où le génie seul a droit de conduire ceux qu’il veut distinguer des autres.

Peut-être dans le moment que je vous écris, il est quelqu’un de ces génies heureux, qui se développe ; et, dans cinq ou six ans d’ici, nous pourrons voir les ouvrages de quelque Romain, ou Vénitien, auprès de qui ceux de nos Français d’aujourd’hui paraitront fort inférieurs.

Les arts auront en Italie un avantage pour former de grands hommes beaucoup plus tôt qu’en France. Les égards qu’on a pour ceux qui s’y distinguent, et les honneurs qu’on leur rend, sont des appas plus séduisans que les récompenses pécuniaires dont on paie le mérite chez nous.

En France, Rigaud est estimé de quelques connaisseurs. Cinq ou six seigneurs de la cour, et quelques gens de condition, auront