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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/404

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contrats d’assurance et de garantie. Les dépôts s’y font sur la bonne foi, ou tout au plus sous un seing privé. Il serait absurde de croire qu’il n’arrive jamais aucune friponnerie. Les Turcs sont hommes et sujets à l’humanité ; mais sur ce qui regarde la probité, je les crois plus exacts que les autres.

Nous les regardons comme des gens à qui les sciences sont inconnues. C’est avec aussi peu de raison. Ils n’étudient pas le grec et le latin. Ces langues ne leur sont d’aucun usage ; mais il y a des collèges publics, où ils apprennent l’arabe et le persan. Leurs meilleurs écrivains ont écrit dans ces langues, et ce sont les seules qui leur deviennent nécessaires. Il n’y a, chez les Turcs, ainsi que chez nous, que deux sortes de personnes qui s’appliquent à l’étude, les ecclésiastiques et les gens de loi, ce qui revient à nos théologiens et à nos gens de robe. Il leur serait aussi inutile d’entendre saint Augustin, saint Thomas, Cujas et Bartole, qu’aux nôtres de savoir les commentaires sur l’Alcoran, le recueil des Fetfa des Muphtys, et les ordonnances du Grand-Seigneur.

Ils ont quelques historiens assez bons, mais en fort petit nombre. Les philosophes ne leur manquent pas. La plupart sont arabes et per-