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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/52

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dissertations philosophiques, soit qu’elles aient eu lieu avec le roi ou avec sa belle Babet même, à qui il eut la manie de vouloir tout enseigner, tandis qu’elle eut l’adresse raisonnable de faire semblant d’y prendre goût pour devenir marquise.

C’était, au reste, une femme comme il la fallait au marquis ; on est généralement d’accord qu’elle avait des qualités, et que si quelque chose a pu excuser le mariage aux yeux du roi, ce fut, sinon les convenances, au moins les motifs d’une alliance qui pouvait être plus extravagante encore de la part d’un sexagénaire catarrheux et hypocondriaque.

La société du marquis d’Argens et de Frédéric a été, particulièrement remarquable par les farces, car on peut leur donner ce nom, que le prince joua ou fit jouer à son courtisan philosophe. La singularité de caractère de celui-ci prêtait beaucoup à ce genre d’amusement.

D’Argens avait cet esprit et cette vivacité provençale qui prêtent quelquefois au ridicule, ou au moins à rire ; souvent il lui échappait des gasconnades et des naïvetés qui fournissaient au roi ample matière à persiflage. Il aimait à raconter ses tours de jeunesse et les