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Page:Argens - Mémoires du marquis d’Argens.djvu/8

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occupait une des premières places de la magistrature, le destinât : à cette honorable profession mais l’ardeur du jeune âge, l’impatience d’agir, et l’idée que l’état militaire offre plus de chances aux plaisirs, lui fit préférer le parti des armes, où il entra, qu’il avait à peine quinze ans. Il servit d’abord dans le régiment de la Marine et ensuite dans celui de Richelieu, après avoir été reçu chevalier de Malte : mais bientôt il oublia l’état qu’il avait embrassé ; et ses amours avec la belle Sylvie, dont il fait l’histoire dans ses mémoires, n’y contribuèrent pas peu.

La pétulance et la fougue de sa jeunesse donnèrent beaucoup de tourmens à son père, qui le déshérita ; mais dans la suite, M. d’Eguilles, son frère cadet, président au parlement d’Aix, annulla les effets de l’exhérédation, en appelant le marquis au partage de la succession, et en faisant rendre, par l’adoption, à une fille naturelle du marquis, les droits et le nom qu’elle tenait de son père. Il n’avait pas d’abord voulu y consentir, craignant, par-là, de faire quelque chose qui déplût à la famille ; mais les raisons et les principes de justice que le magistrat fit valoir, l’emportèrent aisément dans son cœur ; et mademoiselle Mina devint marquise d’Argens.