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Page:Argens - Thérèse philosophe (Enfer-402), 1748.djvu/115

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Philosophe.

de plus que ces Moines, que ces Religieuſes, que tout ce qui vît dans le célibat ? Ceux-ci conſervent dans leurs reins en pure perte une ſemence que les premiers répandent en pure perte : ne ſont-ils donc pas les uns & les autres préciſément dans un cas égal, eû égard à la ſociété ? Ils ne lui donnent tous aucun citoyen ; mais la ſaine raiſon ne nous dicte-t-elle pas qu’il vaut mieux encore que nous jouiſſions d’un plaiſir qui ne fait tort à perſonne, en répandant inutilement cette ſemence, que de la conſerver dans nos vaiſſeaux ſpermatiques, non-ſeulement avec la même inutilité, mais encore toujours aux dépens de notre ſanté & ſouvent de notre vie. Ainſi vous voyez, Madame la raiſonneuſe, ajouta l’Abbé, que nos plaiſirs ne font pas plus de tort à la ſociété que le célibat aprouvé des Moines, des Réligieuſes, &c. & que nous pouvons aller notre petit train.

Sans doute qu’enſuite de ces réflexions l’Abbé ſe mit en devoir de rendre à Madame C… ſervice, car j’entendis un in-