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Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 2.djvu/148

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LE CHŒUR DES VIEILLARDS.

Ce n’est pas le moment de dormir pour quiconque est homme libre. Allons ! citoyens, attaquons cette besogne ; il en émane comme une odeur d’affaires plus nombreuses et plus grandes : j’y flaire à plein nez la tyrannie de Hippias. Je crains surtout que certains Lakoniens, rassemblés ici chez Klisthénès, n’excitent perfidement ces femmes, ennemies des dieux, à s’emparer du trésor et du salaire dont je vivais. C’est chose terrible, en effet, qu’elles se mettent à faire la leçon aux citoyens, et que des femmes parlent de boucliers d’airain et de notre réconciliation avec les Lakoniens, auxquels on ne doit pas plus se fier qu’à la gueule du loup. Oui, citoyens, tout ce qu’elles ont tramé contre nous, tend à la tyrannie. Mais jamais elles ne me tyranniseront : je serai sur mes gardes ; « je porterai toujours mon épée sous une branche de myrte » ; et je me tiendrai en armes auprès d’Aristogitôn, et je ne bougerai pas de ses côtés : car il me prend envie de casser la mâchoire de cette vieille, ennemie des dieux.

LE CHŒUR DES FEMMES.

Non, quand tu rentreras dans ton logis, ta mère ne te reconnaîtra pas. Mais, ô vieilles chéries, posons d’abord ceci à terre. Nous commençons, citoyens ici rassemblés, une suite de conseils utiles à la ville ; et c’est justice, parce qu’elle m’a élevée dans le luxe et la splendeur. Dès l’âge de sept ans, j’étais arrhéphore ; à dix ans, je moulais l’orge pour la Déesse ; puis, vêtue de la krokote, je fus ourse dans les Brauronia ; devenue belle fille, je fus kanéphore et portai un collier de figues. Ne dois-je donc pas donner d’utiles conseils à la patrie ? Quoique