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Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/166

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pérant au point de vue des plaisirs du corps ; l’homme efféminé l’est au point de vue des actions faites avec mollesse ; le lâche est lâche vis-à-vis des dangers : car on abandonne ses compagnons de péril à cause de la crainte que l’on éprouve ; l’ambitieux agit pour l’honneur ; le caractère vif, par colère ; l’amateur de triomphe, en vue d’une victoire ; l’esprit rancunier, en vue d’une vengeance ; l’homme sans discernement, parce qu’il s’abuse sur ce qui est juste ou injuste ; l’homme éhonté, par mépris de sa réputation, et ainsi des autres sortes de caractères par rapport à chacun des mobiles qui s’y rapportent.

V. Du reste, toute cette question est facile à comprendre, soit d’après ce que nous avons dit en ce qui touche les vertus[1], soit d’après ce que nous avons à dire relativement aux passions[2]. Il nous reste à expliquer pourquoi l’on cause un préjudice, dans quelles dispositions on le cause, et à qui.

VI. Premièrement, distinguons le mobile qui nous pousse et les inconvénients que nous voulons éviter lorsque nous commettons une injustice ; car il est évident que, pour l’accusateur, c’est un devoir d’examiner la nature et le nombre des considérations qui diligent la partie adverse d’entre celles auxquelles tout le monde obéit quand on fait tort à ses semblables ; et pour le défenseur, d’examiner la nature et le nombre des considérations qui n’ont pu déterminer son client.

VII. Les hommes agissent, tous et toujours, soit par une initiative qui ne leur est pas personnelle, soit par leur propre initiative. Dans le premier cas, leur action se produit tantôt par l’effet du hasard, tantôt par néces-

  1. Aristote a composé un traité des vertus et des vices (p. 1249, éd. Bekker).
  2. Ce sera l’objet du livre II, chap. I à XVII.