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Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/240

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situation. Ainsi, par exemple, celui qui, dans le Lycée, a procuré une natte de jonc [1].

V. Il est donc nécessaire, surtout pour de telles occasions, que l’on use de bons offices, ou sinon, pour des occasions équivalentes, ou plus importantes. Ainsi, comme on voit clairement dans quelle circonstance et à quel titre on fait une faveur, il est évident qu’il faut présenter les uns d’après cela, en les montrant comme étant encore ou ayant été dans un chagrin, ou dans un besoin de cette gravité, et obliger les autres en leur rendant tel ou tel service, lorsqu’ils éprouvent tel ou tel besoin.

VI. Il est facile de voir aussi d’où l’on doit tirer les arguments pour supprimer l’idée d’une faveur et pour ôter aux gens tout sentiment de gratitude. En effet, ou bien on alléguera que le service rendu est, ou était intéressé : dès lors, nous l’avons vu, ou il n’y a plus faveur, ou bien ce service était l’effet d’un hasard ou de la contrainte ; ou encore que ce n’était qu’un procédé de réciprocité, et non une faveur spontanée soit à la connaissance, soit à l’insu de son auteur, car, dans les deux cas, le caractère de réciprocité subsiste et, par suite, il n’y aurait pas de faveur.

VII. Il faut examiner chacun de ces cas sous tous les chefs de catégories, car la faveur doit remplir certaines conditions de nature, de grandeur, de qualité, de temps et de lieu. Un signe qui sert à reconnaître la faveur, c’est lorsque l’on n’a pas accordé un bon office trop peu important, ou que l’on n’a pas fait la même chose, ou autant, ou plus pour ses ennemis ; car il ressortirait de là qu’on n’aurait pas agi ainsi

  1. Τὸν φορμόν. Le scoliaste suppose que l’on fait passer à un prisonnier une natte de jonc à l’aide de laquelle il s’évade.