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Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/279

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est d’autres qui, aussitôt énoncées, deviennent évidentes pour ceux qui les examinent. Exemple :

Il n’est pas amoureux celui qui n’aime pas toujours.

VI. Parmi les sentences avec épilogue, les unes sont une partie d’enthymème, comme celle-ci :

Il ne faut jamais qu’un homme qui a du bon sens…

D’autres tiennent de l’enthymème, mais ne sont pas une partie d’enthymème ; ce sont les plus recherchées. Telles sont les sentences dans lesquelles on reconnaît la raison de la pensée qu’elles expriment. Exemple :

Ne garde pas une colère immortelle, étant toi-même mortel.

En effet, le fait de dire qu’il ne faut pas garder toujours sa colère, c’est une sentence ; et la proposition additionnelle « étant toi-même mortel » en est l’explication.

Autre exemple analogue :

Le mortel doit songer aux choses mortelles ; les choses immortelles ne doivent pas occuper le mortel.

VII. On voit clairement, d’après ce qui précède, combien il y a d’espèces de sentences, et à quel objet il convient d’en appliquer chaque espèce. Sur des matières controversées ou paradoxales, la sentence ne peut se passer d’épilogue ; mais il faut ou que l’épilogue, placé au début, emploie la sentence à titre de conclusion, comme, par exemple, si l’on dit :

Quant à moi, je dis que, puisqu’on ne doit ni exciter l’envie, ni vivre dans l’oisiveté, il ne faut pas s’instruire ;

— ou que celui qui a débuté par ces derniers mots