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Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/288

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CHAPITRE XXIII


Lieux d’enthymèmes.


I. Il y a un lieu, parmi les démonstratifs, qui se tire des contraires ; car il faut examiner si, tel fait positif existant, son contraire existe[1] ; alors on le détruit s’il n’existe pas, on le met en œuvre s’il existe. Exemple : le fait d’être tempérant est un bien, car le fait d’être intempérant est nuisible ; ou, comme dans le discours messénien[2] :

En effet, si la guerre est la cause des maux actuels, c’est nécessairement avec la paix que l’on pourra se refaire ;

et encore :

S’il n’est pas juste de se courroucer contre ceux qui ont fait du mal involontairement,
Il ne convient pas, non plus, de savoir gré à quiconque ne fait du bien que contraint et forcé[3] ;

ou ceci :

Mais, puisque le mensonge se fait croire parmi les mortels,
Il faut penser que, par contre, bien des vérités n’obtiennent pas leur créance.

II. Un autre lieu se tire des cas semblables ; car un fait semblable doit nécessairement ou se produire,

  1. Le texte grec, dit : « si le contraire a son contraire. »
  2. Discours d’Alcidamas d’Élée, disciple de Gorgias. Cp. liv. I, chap. XIII.
  3. Le scoliaste attribue ces vers, ainsi que les suivants, à Euripide.