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Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/369

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CHAPITRE XIV


De l’exorde.


I. L’exorde est placé au début d’un discours ; c’est comme en poésie le prologue et, dans l’art de la flûte, le prélude ; car tous ces termes désignent le début et comme une voie ouverte à celui qui se met en marche. Le prélude donne bien une idée de ce qu’est l’exorde des discours démonstratifs. En effet, les joueurs de flûte, en préludant, rattachent à l’introduction[1] l’air de flûte qu’ils savent exécuter, et dans les discours démonstratifs, c’est ainsi qu’il faut composer, à savoir : faire une introduction et y rattacher ce que l’on veut dire en l’exposant tout de suite. Tout le monde cite pour exemple l’exorde de l’Hélène, d’Isocrate. Car il n’y a aucun rapport entre les œuvres de controverse et l’Hélène[2]. Et en même temps, si, l’orateur fait une digression, c’est un moyen d’éviter que tout le discours soit uniforme.

II. Les exordes des discours démonstratifs ont pour texte un éloge ou un blâme. Par exemple, Gorgias, dans son discours olympique : « Ils sont dignes de l’admiration générale, Athéniens… » En effet, il va louer ceux qui organisent les panégyries. Dans cet autre exemple, Isocrate lance ce blâme : « Les qualités corporelles, ils les honoraient par des présents ; mais aux gens vertueux ils ne donnèrent aucune récompense. »

  1. Τὸ ἐνδόσιμον, c’est l’exécution instrumentale qui précède le chant vocal. (Hésychius.)
  2. Cp. Quintilien, Inst. orat., III, 8 ; 8.