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Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/93

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ne faut pas l’examiner en n’ayant égard qu’à cette parole ou à cette action prise en elle-même pour voir si elle est bonne ou mauvaise, mais en considérant aussi quel est celui qui agit ou parle, à qui il a affaire, dans quel moment, en faveur de qui, dans quel but, comme, par exemple, en vue d’un plus grand bien, afin qu’il se produise, ou à cause d’un plus grand mal, afin de l’éviter.

XIII. G. Les critiques qui ont trait au style, il faut les détruire, par exemple en alléguant l’emploi d’une glose ou nom étranger :

Les mulets d’abord[1] ;

car, peut-être, ne veut-il pas entendre ici les mulets, mais les gardes. Et à propos de Dolon

Qui, certes, était mal conformé[2],

cela ne signifie pas difforme de corps, mais laid de figure, car, chez les Crétois, on dit εὐειδὲς (de belle forme) pour exprimer la beauté du visage. Et dans ce vers :

Mélange (du vin) « ζωρότερον[3] »

« ζωρότερον[4] » ne signifie pas « du vin non trempé d’eau » comme pour les ivrognes, mais « plus promptement ».

XIV. H. Tel terme a été employé par métaphore, comme dans ces vers :

Tous les autres, — dieux et hommes — dormaient la nuit entière…[4]
  1. Homère (Iliade, I, 50. Cp. Iliade, X, 316) où le même mot a le sens de « gardes »
  2. Iliade, X, 316.
  3. Iliade, I, 203. Cp. Plutarque, Problèmes, V, 4.
  4. a et b Iliade, II, 1.