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Page:Aristote - Psychologie, trad Barthélemy Saint-Hilaire, 1847.djvu/17

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XIII
PRÉFACE

Une différence considérable entre la réminiscence et la mémoire, c’est que la réminiscence étant un acte de volonté ou plutôt de raisonnement, est le privilège exclusif de l’homme, tandis que la mémoire appartient aussi aux animaux. La réminiscence n’est pas d’ailleurs absolument soumise à nos ordres. Ainsi que la mémoire, elle dépend en partie du corps ; et ce qui le prouve, c’est que souvent, par suite de l’effort qu’elle demande, on est tellement troublé, qu’on ne peut plus arrêter à son gré l’émotion que cet effort a fait naître ; on voudrait cesser une recherche fatigante, et on ne le peut point. L’esprit, comme un trait qu’on ne peut plus ressaisir une fois lancé, marche de lui-même : « et la réminiscence agit alors sur lui à peu près comme ces mots, ces chants ou ces discours qu’on a eus trop fréquemment à la bouche, et qu’on se surprend longtemps à chanter et à dire, sans même qu’on le veuille. » Enfin, la mémoire et la réminiscence se rattachent de si près à l’organisation physique, qu’on a pu remarquer qu’en général les hommes chez qui les parties supérieures du corps sont trop fortes, ont peu de mémoire. Ce genre de conformation est aussi l’une des causes qui rendent cette faculté si faible dans les enfants durant